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Festin de miettes 29 novembre, 2009

Classé dans : C'est pas mal — morganedoc @ 17:16

 

Festin de miettes dans C'est pas mal 20675572_1416680

Titre : Festin de miettes

Auteur : Marine Bramly

Critique pour les éditions du Livre de Poche … En avant-première avant sa publication sur leur site internet !

Le narrateur de ce livre s’appelle Sophie. Cette jeune femme victime d’une enfance recluse et délaissée, au tempérament sage et prudent et que l’on s’imagine sans charisme, se révèle rapidement sujette à des passions mal maîtrisées. Elle est fascinée par son ancienne meilleure amie Deya, qui l’a repoussée sans raison à l’aube de l’âge adulte des années auparavant. Deya lui demande de revenir dans sa vie pour l’aider à retrouver sa mère, partie en Afrique et n’ayant plus jamais donné signe de vie.

Deya, jeune femme complexe, amante perturbée par l’image d’un père absent, négligente envers son fils, éparpillée et irresponsable, brille pourtant par son teint dorée et sa personnalité solaire. Elevée au grand air et dans le faste des hôtels de tourisme, elle achève de grandir sans repères dans la liberté d’une famille riche mais indifférente. Deya semble vainement rechercher un équilibre affectif, cultivant l’art de l’échec avec une rare insouciance.

Pour Sophie, revoir Deya réveille des pulsions à peine endormie dans un mariage sans amour. Leurs retrouvailles se transforment peu à peu en une épreuve de manipulation et d’aliénation, rythmée par les provocations et le mépris à peine dissimulé de Deya et les pulsions silencieuses mais violentes de Sophie. Victime d’une jalousie maladive, intestinale, élevée dans l’indifférence de sa famille et des institutions et sans une clé pour gérer la violence de ses sentiments, elle va échouer dans la quête de sa propre identité. Elle se reportera sur Deya, et travaillera à s’approprier tout ce qui fait de son amie une personne instable, mais saine et heureuse.

Des conséquences de ces retrouvailles, finalement tragiques, résulte un roman dérangeant mais haletant et débridé, sans tabou, qui creuse profondément dans les noirceurs du coeur humain pour qui l’amour peut devenir dévastateur. Sophie et Deya nous interrogent sur les limites de la folie et laissent dans l’esprit du lecteur l’empreinte douce-amère de leurs passions.

 

 
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Trois femmes puissantes 10 novembre, 2009

Classé dans : C'est bof — morganedoc @ 23:17

Trois femmes puissantes dans C'est bof trois-femmes-puissantes-09

Titre : Trois femmes puissantes

Auteur : Marie N’Diaye

Donc ce roman a décroché le prix Goncourt (je dois avouer que c’est un peu sans surprise, il faut avoir un peu parcouru le presse ces dernières semaines pour savoir que Trois femmes puissantes est un coup de coeur national).

Je regrette de dire que j’ai été déçue. D’abord il y avait cette attente immense pour un livre loué unanimement ; et puis un sujet porteur et dont on attend aussi beaucoup, c’est à dire le portrait de trois femmes victimes mais fières, soumises mais intègres dans les difficultés. J’ai apprécié les premières scènes, ce père décrit avec finesse mais déjà sans beaucoup de cohérence. J’ai aussi été touchée par le portrait ultime, celui de Khadi Demba, malheureusment le mal était déjà fait, je courais vers la fin du livre gênée par l’écriture étouffante et sans respiration, par ce rythme bancal. Beaucoup de vocabulaire mais peu de structure. Je reconnais à l’auteur un talent de conteuse qui aurait sûrement eu un meilleur effet sur moi s’il avait été, justement, oral. Mais un Gallimard bavard, c’est pas nouveau, c’est même assez fatigant.

Si le roman m’a déçu le personnage public qu’incarne son auteur m’a déjà plus séduite : ayant quitté la France au lendemain de l’élection de N. Srkz, elle a tenu des propos plein d’une virulente sincérité à l’égard du gouvernement actuel. J’ai entendu ce midi dans l’Edition spéciale de Canal plus l’intervention choquante et imbécile d’un député UMP demandant à Marie Ndiaye de retirer ces propos, puisque dorénavant en tant que lauréate du prix Goncourt elle représente la France à l’étranger. Selon l’abruti, elle se doit de modérer ses propos envers un pays qui lui fait le grand honneur de lui attribuer son prix littéraire le plus prestigieux.

D’abord le prix Goncourt est prestigieux parce que les journalistes en ont décidé ainsi. Je constate que depuis qu’il existe, le prix Goncourt des lycéens récompense en général un meilleur livre que le « vrai » Goncourt. Et je ne parle pas du prix de l’Imaginaire. Avis aux amateurs.

Ensuite se voir décerné un prix n’implique pas que l’on représente son propre pays à l’étranger. Que dire de Elfriede Jelinek et de Jean-Marie Coetzee qui, à force de tant maudire leur propre pays, ont fini par obtenir le prix Nobel de littérature. [Edit : autre exemple : Camus en 57, selon Bernard Pivot interviewé aujourd'hui par le Nouvel Obs].

Enfin les artistes, écrivains, dramaturges, chansonniers, mimes de rue et autres saltimbanques ont, en France le statut privilégié dont jouissait déjà Voltaire et même Jean de la Fontaine qui est de pouvoir à peu près exprimer le fond de sa pensée politique sans avoir à craindre la peine de mort. C’est parce qu’au talent on a toujours offert la liberté d’expression que la littérature française est ce qu’elle est.

Bref, ce crétin de l’assemblée nationale m’a bien fait rire mais il n’est jamais inutile de remettre les points sur les i, on ne sait jamais, quelqu’un pourrait le prendre au sérieux. 

 

 
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Google-moi 2 novembre, 2009

Classé dans : Chroniques de lecture — morganedoc @ 20:45

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Titre : Google-moi

Auteur : Barbara Cassin

C’est d’un point de vue philosophique que B. Cassin a choisi de traiter le sujet Google. Autant dire qu’elle nous offre une manière inédite de se représenter le plus célèbre des moteurs de recherche. Elle nous expose son analyse assez pointue et très bien référencée de la philosophie Google à partir d’une certains nombres d’informations peu connues sur la firme américaine. Google c’est d’abord un algorithme unique et secret qui appartient à l’Université de Stanford jusqu’en 2011 (après quoi l’entreprise Google aura la possibilité de le racheter). Mais Google c’est aussi une idéologie qui mêle étrangement la morale aux affaires, la meilleure illustration en est son slogan : « Don’t be evil », « Ne faites pas le mal » ou « ne soyez pas le Mal », drôle de référence religieuse pour une firme à l’image jeune et branchée.

Ce slogan bancal, en utilisant la négative (au mieux comme un conseil d’ami, au pire comme une menace) s’adresse bizarrement à ses partenaires :

Editeurs ? ne vous opposez pas à la numérisation de vos catalogues ! Bibliothèques ? ne vous opposez pas à l’indexation de vos fonds ! Agences immobilières ? ne vous opposez pas à la géolocalisation de vos offres ! Utilisateurs de Gmail ? Ne vous opposez pas à l’archivage de vos mails (au passage, la limite légale minimum de conservation des mails par les serveurs est de un an, quant à la limite max je n’ai pas trouvé de référence …) Utilisateurs de réseaux sociaux ? ne vous opposez pas au référencement de vos twits, de vos statuts, de vos photos ! Simple quidam jardinier du dimanche ? Ne vous opposez pas à la publication d’une photo satellite vous représentant deshérbant autour de vos rosiers (c’est du quasi vécu) !  Clients de 23andme, « société de génétique personnelle » dirigée par la femme du cofondateur de Google ? Ne vous opposez donc pas à l’indexation et à la publication de votre génome par nos services … Difficile de refuser un service gratuit et de qualité, comme l’ont constaté nombres de grandes bibliothèques (ici la très innovante bibliothèque de Lyon).

De toute façon, qui pourrait refuser ? Ne pas exister sur Google, ce serait un suicide commercial, politique, sociale, culturel …

Allez, soyez sympa, Don’t be evil.

 

 
 

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